Cruz, Françoise
Eaux lentes sur Venise
Paris - 2011
Ed.: Naive
Genre littéraire: Roman
Forme artistique principale: Musique
Sujet: Deux musiciennes du XVIIIe siècle.
Synthèse: Venise XVIIIe siècle. Ce roman d'une amitié tisse les destins croisés de Leona et Clemenzia, deux musiciennes exceptionnelles de, la Pietà. A lire par-dessus leur épaule, les lettres ou le journal de ces jeunes femmes, le lecteur s'insinue discrètement dans l'intimité de la communauté de cette prestigieuse institution vénitienne qui marqua l'histoire de la musique baroque. L'orphelinat de la Pietà avait en effet pour vocation de recueillir les bébés abandonnés, devant sa porte, par des prostituées, des jeunes servantes abusées ou par quelque fautive bien née. Les filles accueillies étaient alors éduquées pour acquérir de grandes compétences musicales. Les plus douées constituaient l'élite qui chantait ou jouait au sein de l'orchestre de La Pietà. Elles travaillaient tant à l'excellence de leur tessiture ou de leur instrument qu'il devenait leur nom de famille. Ainsi de Leona Soprano et Clemenzia Violino qui, dans ces premières décennies du XVIIIe, se vouèrent à l'orchestre alors au comble de son rayonnement. Antonio Vivaldi en était le maestro. La communication artistique entre les jeunes artistes et le maître de Chapelle fut telle qu'il n'eut de cesse de composer pour elles. Tous les grands noms de l'Europe de l'époque se pressaient pour assister, dernière des grilles, au concert de la Pietà. Les filles dissimulaient leurs visages sous des tulles et bien sûr cela ne faisait qu'accroître leur mystère et l'attirance du publique, en majorité masculin. Malgré leur grand succès, elles refusèrent, pour la plupart, les lumières de la renommée, les propositions des théâtres ou des cours étrangères. Leur vie quotidienne était faite de tâches ménagères, ravitaillements au marché, cours dispensés aux enfants de famille des palais alentour, en plus des répétitions, messes, concerts ... Orphelines, musiciennes, seules mais vivant ensemble, féminines mais indépendantes dans une société machiste, comme leurs soeurs, Leona et Clemenzia n'étaient pas hors du monde et de la vie vénitienne. Au contraire. On les trouve ici passionnées, actives et à l'image de leur cité lacustre, se confondant dans les eaux parfois claires, parfois boueuses, et semblant emportées par une ultime « acqua alta ». (http://www.naive.fr/oeuvre/eaux-lentes-sur-venise)
Revue source de la référence: QL, 1030, 16-31 janv 2011 (p.29
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