Assouline, Pierre
Le portrait
Paris - 2007
Ed.: Gallimard
Genre littéraire: Roman
Forme artistique principale: Peinture
Synthèse: Décédée en 1886, à l'âge de 81 ans, l'illustre baronne de Rothschild ne ferme pas les yeux pour autant. Car dans Le Portrait, Pierre Assouline - extrêmement bien documenté, comme à son habitude - imagine que cette femme du grand monde, peinte par Ingres entre 1844 et 1848, continue à voir et à entendre. Assise dans son tableau, la baronne jouit ainsi d'un privilège rare : « Etre invisible au monde, écouter dire et médire ceux qui vous croient éteinte à jamais, les regarder vivre est une joie plus intense encore que de voler dans le ciel à l'égal d'un oiseau. » Elle convie le lecteur à partager sa vie mondaine : vraie noblesse et bourgeoisie enrichie défilent dans ses salons et paradent dans ses bals. Les convives sont légion et, sous les lambris dorés des riches demeures, défilent Louis-Napoléon, Chopin, Balzac ou Heine. Certains viennent se frotter aux cohues mondaines avec l'espoir d'en retirer quelques bénéfices ; d'autres, comme les Goncourt, y trouvent matière à vomir quelques insultes antisémites. Tout le XIXe siècle, encore agrippé aux rêves d'une restauration monarchiste, court dans ces pages. Puis, post mortem, la baronne subit les spoliations nazies, connaît l'humiliation d'être ravie aux regards des siens, et voyage d'exposition en exposition... Pierre Assouline, pour honorer son cher tableau, convoque deux complices : Cartier-Bresson et l'historien de l'art Daniel Arasse - deux autres chers disparus qui traversent ce roman nostalgique dédié au regard. Gilles Heuré, Télérama n° 3011
Revue source de la référence: QL, 953, 16-30 sept 2007, p.26
Liens
http://www.telerama.fr/livres/le-portrait,19895.php